FORMATION RAKONTÈR ZISTOIR

RESPONSABLE : DANIEL HONORÉ

 

3ème promotion de Rakontèr Zistoir de l’UDIR

25 nouveaux conteurs à La Réunion

La troisième promotion de Rakontèr Zistoir sort grandie d’une formation édifiante autour du conte réunionnais et de Madagascar. Faisant partie intégrante de notre culture, les contes sortent de l’oubli. Mais ont-ils été vraiment oubliés ?

LA Télévision serait l’auteur de la soi-disant disparition des contes traditionnels dans la mémoire des Réunionnais. Bien au contraire, nous apprécions les histoires, celles qui font référence à notre passé, les Tijean gran diabl, zistoir madam Débasin, le lièv èk la torti, et tant d’autres histoires encore. Les Réunionnais sont aussi producteurs d’histoires, et nous comptons de talentueux conteurs et conteuses. Les formateurs sont eux-mêmes des conteurs d’exception, connus pour leur bibliographie et leurs nombreuses séances de contes, dans les écoles, avec les associations de quartiers, disons partout à La Réunion.
Sully Andoche, Anny Grondin et Daniel Honoré tiennent à faire valoir tout un pan du patrimoine culturel réunionnais, que l’on croyait disparu au profit de la Télévision et des nombreuses autres technologies de l’information et de la communication. Daniel Honoré note l’engouement de la jeunesse réunionnaise pour ces histoires créoles, et celles venues de l’Inde, de Madagascar, de la Chine et où sais-je encore, puisque le conteur réunionnais précise que la formation s’ouvre aussi sur des histoires venues du monde entier. Pour ces conteurs-formateurs, il importait de relancer cette envie de découvrir, d’entendre, de la bouche même d’un rakontèr, des zistoirs de La Réunion, et d’ailleurs.

La part de l’oralité réunionnaise

Honorés par un certificat de Rakontèr Zistoir, les stagiaires ont été reçus à l’Hôtel du Conseil régional. Radjah Véloupoulé, Conseiller régional, Président de la Commission de l’Épanouissement humain, n’a eu de cesse de rappeler tout l’intérêt que porte sa collectivité pour la culture, et notamment le conte. « La Réunion s’est faite, s’est construite à travers l’oralité, et chacun d’entre vous le sait bien, un peuple ne peut pas revendiquer une histoire, ne peut pas revendiquer les origines s’il ne s’est pas d’abord trempé et ressourcé aux seins de son oralité », note l’élu philosophe.
Cette formation se veut ouverte. Placé à la frontière du spectacle vivant et de la littérature, le conte est une discipline réunionnaise soutenue par la Région Réunion, d’autant que l’UDIR, qui organise la formation, propose de rencontrer des conteurs de la zone Océan Indien, voire d’ailleurs. Belle occasion de faire valoir la richesse de notre langue créole réunionnaise. Belle aussi de revendiquer la place du créole dans un bilinguisme volontaire. Le Réunionnais n’est pas contraint par sa langue maternelle. Elle est un pilier pour que nos jeunes générations s’ouvrent aux autres langues. Le conte sert à la promotion de notre langue, et d’une part indéniable de notre culture. Bien heureux de compter 25 nouveaux rakontèr zistoir ! La Région rappelle qu’elle continuera à soutenir cette formation.

Merci l’UDIR !

C’est une formation essentielle, mise en place par l’UDIR, association éditrice. Elle donne à entendre les contes du temps lontan, mais engage les stagiaires sur la voie de la création. Elle inspire au voyage dans notre propre histoire, renouant chaque année avec des grandes civilisations qui ont participé au peuplement de La Réunion. L’Afrique, Madagascar, l’Inde, ou encore la Chine, et puis l’Europe, et pourquoi pas d’autres pays du globe. Ouverte à un très large public, une nouvelle formation, en septembre prochain, sera ouverte cette fois-ci pour le corps enseignant.

Cette année, beaucoup de personnes ont souhaité participer à ce stage. La formation, initialement prévue pour 20 stagiaires, a ouvert 5 places supplémentaires pour répondre à la forte demande. Saluons aussi les 25 nouveaux conteurs. Deux d’entre eux ont pu montrer leur savoir-faire, jeudi soir dernier, dans le hall d’accueil de l’Hôtel de Région. En espérant pouvoir les entendre de nouveau dans les grandes salles culturelles de notre île. En tout cas, merci à l’UDIR de faire revivre une part aussi essentielle de notre culture réunionnaise.

Babou B’Jalah

Article paru dans le Témoignages du lundi 30 juillet 2007 (page 16)